Sur le canal du Midi, Trèbes se situe à mi-chemin entre Toulouse et l’étang de Thau à Marseillan. Deux ouvrages importants du canal sont à découvrir dans ce charmant village : le pont-canal de l’Orbiel conçu par Vauban et l’échelle d’écluses des moulins de Trèbes qui date de la construction du canal en 1674.
Lors de la construction du canal, Pierre-Paul Riquet permet aux cours d’eau de rentrer dans le canal. L’eau en surplus ressort via des déversoirs. Ce système génère des dépôts d’alluvions qui ensable le canal et perturbe la navigation. En 1685, les barques ont du mal à naviguer à beaucoup d’endroit.
Le roi Louis XIV confie à Vauban en 1686 une mission d’inspection du canal du Midi (appelé alors canal royal du Languedoc).
Vauban préconise alors la construction de multiples ouvrages type aqueducs ou ponts-canaux pour remédier aux importants problèmes d’ensablement rencontrés sur le canal aux croisements avec les rivières. Face à l’importance et à la violence des crues de l’Orbiel, la construction d’un pont-canal massif sur trois arches s’impose.
Le pont-canal de l'Orbiel est réalisé par les entrepreneurs Colin et Launay, sous la direction d’Antoine de Niquet en 1688. A l'époque, il est cité comme modèle, avec dessins à l'appui, dans les ouvrages consacrés à l'hydraulique.
Cet aqueduc est à trois arches. A l'étiage, l'Orbiel ne coule que sous l'arche occidentale. En temps de crue, il envahit son lit majeur et parfois les trois arches ne suffisent plus à assurer le débit. Dans les plus fortes crues, l’ouvrage peut être complètement submergé comme c’est le cas en 2018.
Le saviez-vous ?
Après la signature de l’Edit de construction du canal, en octobre 1666, la première adjudication des travaux visait le tronçon Toulouse-Trèbes. Le tracé entre Trèbes et la Méditerranée n’était pas encore complètement arrêté. L’une des propositions était de franchir l’Aude à Trèbes pour descendre sur Narbonne par la rive droite du fleuve.
Finalement, Riquet abandonna cette idée et préféra creuser son canal en le maintenant sur la rive gauche de l’Aude et en se tenant autant que possible à bonne distance du fleuve dont les crues présentaient un danger. Les travaux entre Trèbes et l’étang de Thau furent adjugés à Riquet en 1669. Les travaux de ce tronçon débutèrent en 1670 par l’extrémité orientale (étang de Thau-Béziers) et la construction du port de Sète aussi confiée à Riquet.
Les écluses de Trèbes sont une échelle d’écluses composée de trois bassins. Construite vers 1674, elle se situe en aval du port de Trèbes à la sortie de le ville en direction du village de Marseillette.
Profitant du fort dénivelé de l’échelle, une intense activité de minoterie s’installe sur la rive gauche de l’écluse.
Un premier moulin supérieur est construit à la fin du XVIIème siècle. Il est traversé par une dérivation du canal du Midi qui assure son fonctionnement, il est décrit comme ayant quatre meules avec écurie et remise. Une transformation de ce premier moulin est réalisée en 1867 afin d’en faire une minoterie comprenant 6 meules. Ce nouveau bâtiment agrandi par la suite dans les année 1930 est composée d'un soubassement et de 4 étages au plus haut. Il est aujourd’hui reconverti en restaurant.
Un second moulin inférieur s’implante dans les années 1820.
Il sera vite converti en minoterie et de nombreuses dépendances seront construite aux alentours.
En 1896, le meunier fait édifier une habitation pour son usage. Elle est accolée au moulin et occupe une place centrale dans l’organisation pratique du site.
En arrière se trouvait un beau jardin d’agrément.
Le saviez-vous ?
Après l’écluse de Trèbes, le canal est très proche de l’Aude. Au XVIIIe siècle, des radeaux de bois descendant des forêts pyrénéennes étaient arrêtés à Trèbes et hissés dans le canal par un passage aménagé.
Ce bois de construction était ensuite acheminé par flottage ou par bateau soit sur Castelnaudary qui fut un point d’approvisionnement majeur pour l’administration du canal, soit sur le bas Languedoc (Béziers, Agde, etc.). A Trèbes, les charpentiers des chantiers de construction navale étaient les premiers à pouvoir en bénéficier.
Compte tenu de l’éloignement de la principale alimentation en eau du canal constituée par le seuil de Naurouze, à 12 kilomètres en amont de Castelnaudary, il est indispensable de capter d’autres volumes d’eau pour la bonne alimentation du canal après Carcassonne.
Pierre-Paul Riquet profite du croisement des rivières rencontrées pour prendre l’eau qui lui est nécessaire. Au niveau de Carcassonne, le Fresquel apportait une première contribution, puis l’Orbiel à Trèbes assurait une seconde recharge.
Quand le pont-canal d’Orbiel fut édifié, une rigole de prise d’eau fut aménagée. Elle est constituée d’un barrage en rivière et d’une rigole d’amenée qui se déverse alors dans le canal un peu en amont du pont-canal de l’Orbiel, en rive gauche du canal. Depuis quelques années, cette prise d’eau est fermée mais elle reste opérationnelle.
Jusqu’en 1810, Trèbes est le siège d’une des 7 divisions de l’administration du canal. La maison où était établi cette direction (logement du directeur et bureaux) surplombe encore le port. En arrière était située l’auberge des voyageurs de la barque de poste. Un chantier de construction navale occupait une partie de la rive gauche (où est aujourd’hui installée la base de location).
Après 1810, date de l’ouverture de la déviation de Carcassonne, les bureaux de la direction y furent transférés. Les voyageurs ne firent plus étape à Trèbes. Les activités portuaires furent aussi touchées par cette réorganisation.
Trèbes est aujourd’hui un village agréable en bord d’Aude et du canal du Midi qui vaut le détour pour une ballade dans ses ruelles et la découverte de son église. Sur le port, on aura plaisir à prendre un verre sur l’une des nombreuses terrasses qui occupent la rive droite.
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