La rigole de la Montagne Noire est au coeur du système hydraulique plein d’ingéniosité pensé par Pierre-Paul Riquet. C’est elle qui permet d’acheminer les eaux collectées dans le massif de la Montagne Noire vers le versant atlantique.
Le projet d’alimentation en eau du canal du Midi pensé par Riquet consiste à capter l’eau de divers ruisseaux situés dans la Montagne Noire et à l’amener au moyen d’une rigole au seuil de Naurouze, point culminant du canal.
C’est pour cela que l’on dit que la rigole de la Montagne Noire est véritablement la « source » du canal du Midi.
La rigole de la Montagne Noire se présente comme un canalet d'environ 2 à 3 m de large, d'une longueur de 24 km. Elle s’étend sur les départements du Tarn (Arfons et Les Cammazes) et de l’Aude (Saissac et Villemagne).
L’alimentation en eau du canal du Midi est un véritable défi relevé haut la main par Riquet. Réussir cette prouesse suppose d’acheminer l’eau de la Montagne Noire jusqu’au seuil de partage des eaux, en passant par le hameau du Conquet. Pour ce faire, Riquet a l’idée de construire une rigole !
La rigole de la Montagne Noire prend naissance à plus de 680 m d’altitude, sur le torrent de l’Alzeau, situé sur la commune d’Arfons : c’est la prise d’eau d’Alzeau.
Mais l’Alzeau n’assure pas à lui seul l’alimentation en eau de la rigole de montagne. Cette dernière est alimentée par divers ruisseaux situés sur le versant méditerranéen de la montagne Noire : l’Alzeau, la Bernassonne, le Lampy, le Rieutort…
Depuis les hauteurs de la Montagne Noire, la rigole descend en pente douce de la montagne et peut être longée à pied.
Tout au long de la rigole, on trouve des maisons de garde. Celles-ci servent de logement aux employés en charge de la surveillance et de la manoeuvre des ouvrages de la rigole.
En 1850, la maison du garde d’Alzeau est érigée. Il s’agit en réalité d’une reconstruction sur l’emplacement d’une maison bâtie aux alentours de 1720 pour le garde de la prise d’eau.
A 13 km de la prise d’Alzeau et à 610 m d’altitude, se situe le barrage du Lampy-neuf construit de 1777 à 1782.
Le saviez-vous ?
Une stèle commémorative datée de 1837, commandée par le duc de Caraman, est présente sur le site. Elle raconte l’aventure que fut la réalisation du canal du Midi depuis son point de départ (la prise d’eau de l’Alzeau).
Monument Riquet à Alzau
Vauban, dans le cadre de son programme d’amélioration de l’ouvrage de Riquet, souhaite que les eaux de la Montagne Noire rejoignent le site de Saint-Ferréol. Mais la prolongation de la rigole de montagne, située sur la face nord, suppose de percer la ligne de crête de part en part part.
La prolongation de la rigole de la montagne permettrait d’augmenter les capacités du ruisseau Laudot. Car c’est, à l’époque, le seul ruisseau qui alimente le réservoir de Saint-Ferréol.
Situé à proximité du lac des Cammazes, 5 km après le hameau du Conquet, le tunnel de 120 mètres de long, augmente l’alimentation du bassin de Saint-Ferréol et permet ainsi un apport d’eau supplémentaire dans le réservoir.
Construite entre 1687 et 1688, la voûte Vauban, aussi appelée tunnel des Cammazes est un ouvrage audacieux ! Ce projet est confié à Antoine de Niquet, commissaire régional aux fortifications du Royaume pour le Languedoc, la Provence et le Dauphiné.
Des centaines d'ouvriers sont employés sur le chantier. En avril 1687, un grave accident survient et l’on dénombre six morts et trois blessés. Malgré l’étendue du chantier et sa difficulté, la voûte est achevée en deux années !
En 1846, le sommet de la percée est planté d’arbres. Cela permet de mieux intégrer l’ouvrage à l’environnement. Une maison du garde de la Voûte des Cammazes est construite dès l'année suivante, à l'entrée du sentier de la rigole. Longtemps habitée, cette maison est désaffectée depuis des années.
Le saviez-vous ?
Lors de la construction de la voûte Vauban, deux façades sculpturales dédient la création de l'ouvrage au Roi Soleil. Les panneaux sculptés sont détruits au cours de la Révolution Française.
On appelle barrage des Cammazes l’immense retenue de plus de 20 millions de m3 et de 15 km de circonférence qui régule le cours du Sor.
A sa mise en service en 1958, le barrage sert à l’irrigation et constitue une réserve d’eau potable. C’est aussi là que transite une partie des eaux du réseau hydraulique pensé par Riquet.
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