Reconnaissables grâce à leur forme ovale typique, les écluses du canal du Midi sont nombreuses et variées. Ces ouvrages d’art absolument nécessaires à la navigation constituent parfois de réelles prouesses techniques.
Elles sont l'âme du canal du Midi : 77 écluses au total jalonnent le canal du Midi et ses embranchements.
Points de passage obligés pour toutes les embarcations, elles sont indispensables à la navigation.
63 écluses
sur le canal du Midi
13 écluses
sur les canaux de Jonction
et de la Robine de Narbonne
1 écluse
sur le canal de Brienne
à Toulouse
L’écluse permet de franchir, par paliers successifs, les 189 mètres de dénivelé du canal du Midi entre le Seuil de Naurouze, point culminant du canal et le niveau de la mer.
A la montée, comme à la descente ! C’est pour cette raison que les écluses sont considérées comme de véritables escaliers à bateaux.
Le fonctionnement d’une écluse est simple et ingénieux.
L’écluse est constituée d’un sas (bassin), fermé de chaque côté par une porte à deux vantaux (battants).
L'éclusage (franchissement d'une écluse) s'effectue en 3 temps, selon le principe des vases communicants :
1. À l’arrivée du bateau montant, la porte aval (du bas) s’ouvre et le bateau entre dans le sas de l’écluse.
2. La porte aval se referme derrière le bateau. Des vantelles (vannes) de la porte amont sont ensuite ouvertes. Sous l'effet de la pression, l'eau du plan d'eau supérieur (bief) s'écoule dans le sas, ce qui fait "monter" le bateau jusqu'à ce que les deux niveaux s'équilibrent.
3. Sas et bief sont au même niveau : la porte amont s’ouvre, libérant le bateau.
A l’époque, pour faciliter les manœuvres, Riquet prend la décision de limiter la hauteur maximum du sas des écluses à 2,9 mètres. Mais cette décision suppose l’adjonction de bassins intermédiaires…
Pourquoi Riquet limite la profondeur des écluses ? Les premières écluses qu’il construit ne comportent qu’un seul sas. Très vite, Riquet se rend compte que la hauteur importante des sas fragilise les maçonneries et rend les manœuvres des portes pénibles.
Ainsi, pour permettre aux bateaux de franchir des dénivelés importants sans construire des écluses profondes, Riquet construit des écluses à sas multiples : doubles, triples voire quadruples comme l’écluse de Saint-Roch à Castelnaudary avec un dénivelé de 9,42m.
La plus belle des écluses de France est celle de Fonseranes, à Béziers. Elle comporte initialement 8 bassins et 9 portes ! C’est un ouvrage d’art exceptionnel qui permet aux bateaux de franchir un dénivelé de 21,50 mètres !!
Le saviez-vous ?
Aujourd’hui, pour accéder à l’étang de Thau depuis Toulouse, il faut passer 45 écluses simples, 12 doubles, 4 triples, 1 quadruple et même 1 octuple ! On parle alors fréquemment d’échelle d’écluses.
Certaines écluses du canal du Midi sont de véritables bijoux d’ingéniosité. Elles valent le détour, en voiture, à pied ou à vélo !
Vous l’avez peut-être remarqué, l’une des originalités du canal du Midi réside dans la forme ovale du sas (bassin) de ses écluses.
Les premières écluses construites sur le canal du Midi se situent à Toulouse. On compte parmi elles celle de l’Embouchure, du Béarnais, des Minimes, de Matabiau et de Bayard.
Pour ces premiers ouvrages d’art, Riquet reprend à l’identique le plan des écluses du canal de Briare ouvert à la navigation en 1648. Elles ont une forme rectangulaire avec des murs (bajoyers) droits.
Mais en mai 1669, une inspection des travaux signale une déformation d’un des murs de l’écluse des Minimes. Colbert, qui veut ‘’des ouvrages d’une éternelle durée’’ s’en étonne et souhaite prendre des mesures pour mettre fin au problème.
Cette déformation est due à la forte poussée des terres contre les murs de l’écluse. Riquet étudie ce problème de près et opte alors pour des écluses aux bajoyers en forme de voûte couchée.
Il met son idée à l’épreuve à l’écluse de Castanet et la décline ensuite pour toutes les autres écluses du canal du Midi. La forme ovoïde unique des écluses du canal du Midi devient l’emblème de ce dernier… Mais aussi un gage de qualité esthétique !
Cette technique continue d’être utilisée pour les écluses construites au XVIIIe siècle à l’instar de l’écluse Saint-Pierre à la tête du canal de Brienne à Toulouse et des écluses des canaux de Jonction et de la Robine de Narbonne bâties sur le même principe.
En revanche, les écluses construites au XIXe siècle (celles des Ponts-Jumeaux à Toulouse, de l’Orb à Béziers, de Prade à Agde ou de Sainte-Lucie près de Port-La-Nouvelle) sont, elles, construites sur le modèle rectangulaire que l’on trouve sur tous les canaux du France.
Pourquoi ce revirement de situation ? Vous vous en doutez, au fil du temps, la précision des calculs de résistance, l’évolution des techniques de construction et la qualité des matériaux utilisés conduisent les ingénieurs des Ponts-et-Chaussées à réaliser des écluses droites pour le canal latéral à la Garonne construit de 1838 à 1856. Car les écluses rectangulaires sont plus simples et donc moins coûteuses à construire !
Le saviez-vous ?
Les écluses de la traversée de Toulouse ont conservé la forme primitive rectangulaire.
Initialement, sur le canal du Midi, les dimensions du sas des écluses sont de 11 m de large au point central, 6 m aux portes pour une longueur totale de 30,5 m.
Le 5 août 1879, une loi régit la dimension des écluses de certains canaux : le gabarit Freycinet. Pour relancer la navigation fluviale et intégrer pleinement les voies navigables du Sud-Ouest au réseau national et européen, il est nécessaire de faire des travaux sur le canal du Midi ! Ces travaux consistent à rallonger les écluses de 10 m, afin d'accueillir des péniches de fret (38.50 m, 250 tonnes).
Mise à l’étude dès 1903, la modernisation des canaux du Midi n’est réalisée qu’à partir de 1970, en commençant par la mise aux normes du canal latéral à la Garonne. En 1977, la mise au gabarit Freycinet est initiée dans la partie Est du canal du Midi et autour de Toulouse.
Face au manque de succès rencontré et aux contraintes budgétaires de la France dans les années 80, le programme est abandonné en 1984 par une décision du Ministère de l’Équipement. Seules quelques écluses à chaque extrémité du canal sont mises aux normes mais la section centrale du canal du Midi (140 km) conserve ses écluses au gabarit du XVIIe siècle.
Le saviez-vous ?
A l’origine réalisés en bois, les différents objets articulés de l’écluse (portes, vantelles…) sont en métal depuis le début du XXème siècle. Les systèmes de manœuvre des portes et des vantelles ont aussi évolué depuis le XVIIe siècle : les flèches et les vis ont été remplacées par des crémaillères et des crics au milieu du XIXe siècle.
Dans les années 1990, Voies navigables de France (VNF), gestionnaire du canal du Midi lance un programme de mécanisation des écluses, permettant de réduire la pénibilité du travail. Les crics manuels sont remplacés par des moteurs électriques et les éclusiers commandent les manœuvres depuis une console portative ou des postes de commandes fixes.
Une partie du canal du Midi est même automatisée ! Cela permet au navigant d’écluser lui-même son bateau à l’aide de bornes automatiques. Les agents de VNF assurent la supervision des manœuvres et les interventions de dépannage et d'entretien.
Un site géré par Voies navigables de France en lien avec les membres de l’Entente
pour le canal du Midi et leurs opérateurs touristiques