Issu d’une famille noble déchue, Pierre-Paul Riquet cherche, tout au long de sa carrière, à reconquérir ses titres de noblesse. Ambitieux et visionnaire, sa rencontre avec Jean-Baptiste Colbert est décisive quant à la réalisation de son rêve : construire un canal royal entre les Deux Mers. Voilà un excellent moyen de marquer l’histoire… Et de s’anoblir durablement !
Pierre-Paul Riquet est issu d’une famille de notables de Béziers. Mais, au cours de XVIe siècle, la famille est déchue. En effet, les activités professionnelles du grand-père de Pierre-Paul Riquet lui font perdre son titre de noblesse.
A cette période, la famille Riquet tombe alors dans la catégorie des roturiers. Il y a fort à parier que les conséquences de la perte du titre de noblesse et le désir de sa reconquête ont très probablement marqué la famille et donc Pierre-Paul Riquet !
Le saviez-vous ?
Sans être noble, la famille Riquet fait tout de même partie des notables de Béziers, à l’instar du père de Pierre-Paul Riquet qui siège au Conseil des Trente de Béziers.
En 1634, Pierre-Paul Riquet entame sa carrière en tant que grenetier au grenier à sel de Mirepoix. C’est un petit officier de la ferme des gabelles du Languedoc. La gabelle est un impôt très impopulaire car il est collecté par une personne privée (un fermier) qui paye un forfait au Roi et se rémunère ensuite sur l’argent de l’impôt perçu.
Grâce à son revenu de grenetier et à son âme d’entrepreneur, il faut le souligner, Riquet développe d’autres sources de revenus tout aussi lucratives comme l’organisation du transport du sel entre la région de Narbonne et l’intérieur du Languedoc.
Ambitieux, il réinvestit une part de ses gains dans d’autres activités dont des prêts à intérêts.
En 20 ans, le voilà à la tête d’une jolie fortune !
C’est ainsi, qu’en 1651, Riquet achète la seigneurie de Bonrepos. Il fait entièrement reconstruire le vieux château...
La seigneurie de Bonrepos dispose d’un grand domaine qui permet à Riquet d’approfondir ses connaissances hydrauliques. Dans son parc, à l’aide de bassins, il réalise toute une série d’essais utiles à son projet de canal.
La construction du canal du Midi n’aurait sans doute pas vu le jour sans la rencontre de Riquet avec Jean-Baptiste Colbert.
Aussi ambitieux que Riquet, Colbert alors surintendant des finances et des bâtiments du Roi, entend développer l’économie du royaume au moyen de voies de communications, maritimes comme terrestres, nationales et fiables. Pierre-Paul Riquet doit le convaincre que son projet de canal répond à sa nouvelle politique économique.
Pour préparer au mieux son entrevue avec Colbert, Pierre-Paul Riquet s’entoure d’hommes influents. Il convainc son suzerain Charles François d’Anglure de Bourlemont, de se porter caution dans son entreprise.
Riquet présente donc son projet de canal à Colbert en insistant sur l’aubaine économique et stratégique. En effet, cette voie fluviale offre aux bateaux marchands et aux galères du Roi une autre route pour éviter Gibraltar.
Par ailleurs, grâce à ses activités mercantiles, Riquet est très au courant de la situation économique du Languedoc et de la « crise du pastel » (plante produisant un pigment bleu) que ce dernier traverse. Le territoire, à l’époque, voit une partie de son économie agricole sinistrée au profit de la concurrence de l’indigo cultivé aux Amériques.
Il n’en faut pas plus pour convaincre Colbert : il voit dans le projet du canal un renouveau économique agricole en désenclavant le Languedoc et l’opportunité de créer une France productive et exportatrice.
N'est-il pas juste que je réponde à la grande confiance qu'il vous a plu d'avoir en moi, et que je fasse sous le règne du plus parfait et du plus grand Roi qui ait jamais été dans le monde, le plus grand ouvrage qui ait jamais été imaginé ?
Pierre-Paul Riquet
Lettre de Riquet à Colbert du 13 juin 1668/ Archives du canal du Midi, liasse 21 pièce 9
Dès 1663, Louis XIV est séduit par ce projet de canal et convaincu de ses bienfaits, tant pour sa gloire et que pour son peuple. Après avoir diligenté diverses études pour valider sa faisabilité, Louis XIV nomme en octobre 1666 Pierre-Paul Riquet entrepreneur de la construction du canal Royal du Languedoc (ancien nom du canal du Midi) et l’anoblit en même temps sous le titre de Baron de Bonrepos.
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