La construction du canal du Midi façonne le paysage environnant. Des bâtiments nécessaires à la navigation ou à l’administration voient le jour le long de la voie d’eau… Les abords du canal du Midi sont tout aussi attractifs, son activité fluviale draine usines, commerces et autres maisons de maître.
En tant que seigneurs du canal royal du Languedoc (ancien nom du canal du Midi), seuls Pierre-Paul Riquet et ses héritiers ainsi que le Roi peuvent décider de la construction de bâtiments nécessaires à l’administration de la voie d’eau.
Avec un linéaire particulièrement étendu, l’administration du canal est un enjeu de taille. L'entrée en fonction du canal du Midi entraîne donc la construction de nombreux bâtiments dédiés à l'administration et au fonctionnement de l'ouvrage, à commencer par les logements des employés ou les bureaux de recette et de contrôle.
Parmi les bâtiments construits on peut citer par exemple les maisons des ingénieurs (à Agde, St Ferréol, Naurouze), les postes de contrôle intermédiaires de la navigation (Capestang, Bram), les bureaux de recette… Certaines de ces bâtisses, comme la maison de l’ingénieur de Sallèles d’Aude, assurent également une fonction symbolique destinée à asseoir un prestige et une autorité.
D’autres bâtiments plus prestigieux sont construits sur le canal du Midi en vue d’administrer la seigneurie du canal. C’est le cas par exemple de l’hôtel Riquet à Agde ou encore du château du canal du Midi à Toulouse. Tous deux abritent des chambres de justices qui permettent de juger les infractions ayant lieu sur le linéaire du canal du Midi.
Les maisons éclusières restent, aujourd'hui encore, les bâtiments le plus emblématiques du canal du Midi ! Elles font partie de la carte postale du canal.
Ces bâtiments sont toutefois nécessaires à la navigation : logements de fonction des éclusiers depuis le XVIIe siècle, elles servent aussi de point de repère aux navigants. Une plaque apposée sur la façade nomme l'écluse et la distance qui la sépare de la suivante, en amont et en aval.
Il existe également des maisons cantonnières destinées au personnel chargé de l’entretien de l’ouvrage ainsi que des maisons de garde. Toutes ces constructions ont à peu près les mêmes caractéristiques que les maisons éclusières. On trouve également des logements et des bureaux pour le personnel administratif.
Les éclusiers réalisent de nombreuses constructions annexes : poulaillers, porcheries, fours à pain, écuries, remises...
Après 1918, les maisons éclusières sont agrémentées d’extensions latérales surtout liées à l’introduction de nouveaux éléments de confort tels que sanitaires, salles de bains ou garages, ou pour répondre à des besoins de place ou à l’installation de bureaux.
Ces extensions n’ont jamais fait l’objet d’une programmation rationnelle, ni d’une modélisation architecturale normée.
Le saviez-vous ?
Le plus ancien plan de maison éclusière connu est celui de l’écluse d’Ayguevives daté de 1720. A sa lecture, il semble que l’autonomie de l’éclusier tienne un rôle majeur dans sa conception car on y trouve un four à pain ainsi qu’une surface habitable relativement conséquente.
La mécanisation des écluses conduit à la perte d’utilité pour certaines maisons éclusières. Dès lors, des appels à projets sont lancés pour donner une nouvelle vie à ces constructions emblématiques du canal et ne pas les laisser tomber en désuétude.
Le canal du Midi et ses constructions bénéficiant de divers protections et classements au patrimoine mondial, les porteurs de projet doivent veiller à préserver le caractère ancien et la continuité architecturale des maisons éclusières.
Pour en savoir plus sur les bâtiments disponibles du domaine public fluvial, VNF a créé un site dédié où apparaissent l’ensemble des appels à projets, appels à idées ou manifestations spontanées d’intérêt : Domaine public fluvial (domaine-public-fluvial.vnf.fr).
Les relais de poste accueillent, à l’époque, les dînées et les couchées.
Comprenant des pièces réservées au contrôleur, au receveur et aux hôtes (salon, cabinet et chambre), logements pour les « postillons des relais » ainsi que des « patrons » et leurs écuries, ils sont construits le long du canal du Midi. Des auberges accueillent les passagers.
De la même manière, la religion tenant encore une place importante, certains usagers de la barque de poste demandent la construction de chapelles afin d’assister à la messe tout au long de leur voyage sur le canal du Midi.
Le saviez-vous ?
Le hameau du Somail, dans l'Aude, est un parfait exemple de couchée du XVIIe siècle. On y trouve le seul vestige de glacière du canal du Midi. A l’époque, elle est utilisée pour servir des sorbets aux voyageurs !
Le canal du Midi traverse les plaines du Lauragais et le blé, richesse de la région, arrive par barques au cœur des villes ! C’est la raison pour laquelle Riquet entreprend la construction de moulins à Castelnaudary, Naurouze et Toulouse : c’est là que l’on fabrique les farines !
Mais ce ne sont pas les seuls moulins que l’on trouve sur le canal du Midi ! En effet, Riquet souhaite utiliser la force motrice de l’eau du canal à des fins économiques ! Ainsi, de nombreux moulins utilisant les eaux excédentaires du canal sont construits. Ils constituent une part importante des revenus des propriétaires du canal sous un régime d’affermage.
Le principe de l’alimentation de ces moulins est simple : un canal de dérivation est creusé parallèlement à l’écluse (souvent multiple) et permet de bénéficier d’un dénivelé assez important. L’eau est restituée au canal à la sortie du canal de dérivation !
Au XVIIIème siècle, la rentabilité des moulins amène à partager la dénivellation entre deux moulins : un premier construit à la tête, et dont les vannes servent de prise d’eau, et un nouveau en bas du sas inférieur.
Avec l’usage, le premier est rapidement abandonné et démoli. Au XIXème siècle, les progrès technologiques condamnent bon nombre de moulins du canal du Midi. Quelques-uns, situés en aval du canal de dérivation, sont transformés en minoteries modernes, véritables petites usines où la farine est raffinée et conditionnée dans des tonneaux. Les progrès technologiques de l’exploitation du charbon et de la vapeur, certaines minoteries reçurent également une motorisation moderne à la vapeur qui permit de maintenir leurs activités. Les moulins abritaient également des logements et des écuries.
Lorsque la construction du canal est achevée, la plupart des territoires qu’il traverse se trouvent rase campagne. Il est donc nécessaire d’aménager des quais à proximité des villages pour charger et décharger les marchandises. Entrepôts, maisons de négoce, chais, granges à foin, séchoirs à bois... Les constructions s’installent tout autour du linéaire du canal et façonnent le paysage. D'autres bâtiments dédiés aux métiers de la batellerie sont également construits : cordiers, charpentiers et radoubeurs. L'activité est intense !
A proximité des ports, de nombreux entrepôts voient le jour ; ils permettent de stocker et de protéger les marchandises attente d’une barque capable de les emporter. Ces bâtiments sont construits par des négociants en limite du domaine du canal ou par l’administration du canal sur son domaine. Ils témoignent encore des anciennes activités commerciales du canal notamment liées à l’agriculture céréalière mais également à la culture vinicole.
Au XIXe siècle, grâce à l’essor de la vigne, l’activité du canal est à son apogée : de nombreux chais de négociants en vin s’alignent le long du canal du Midi et du canal de la Robine !
A l’instar de la manufacture des tabacs sur le bord du canal de Brienne ou de l’usine de production métallurgique sur le bord du grand bassin de Castelnaudary, la proximité de la voie d’eau offre un emplacement de choix pour les usine qui reçoivent la matière première par bateau et peuvent facilement expédier leur production par la même voie.
Grâce aux nouveaux débouchés commerciaux pour le blé et les vins de la région, l'agriculture locale devient florissante. De vastes fermes s'installent aux environs du canal du Midi.
Dans la haute société, le cadre bucolique du canal devient le dernier chic. Nobles, notables, négociants et marchands fortunés font bâtir des maisons de maître entourées d'un parc, avec accès direct à la voie d'eau.
Un site géré par Voies navigables de France en lien avec les membres de l’Entente
pour le canal du Midi et leurs opérateurs touristiques