VNF, Sylvain Cambon

Les berges du canal du Midi ont évolué au fil du temps : mûrier, peuplier, saule, platane... Aujourd’hui, de nouvelles essences sont plantées pour palier la maladie qui attaque les platanes du canal. 

Les arbres du canal du Midi, garants des berges ombragées

Les premières essences du canal du Midi

En 1694, les premiers arbres sont plantés le long du canal du Midi. Il s’agit principalement de saules et ces plantations visent à stabiliser les berges. Au fil du temps, d'autres essences les rejoignent car l’ombre est appréciée par les usagers du canal et les gestionnaires souhaitent valoriser les arbres. Ils sont alors choisis pour leur rendement.

Ainsi, en 1767, un programme général de plantations est lancé : le mûrier (pour l'élevage du ver à soie) et le peuplier d'Italie (pour le bois de construction) deviennent les essences dominantes le long du canal du Midi.

On agrémente également les maisons éclusières de pins, de cyprès et d'arbres fruitiers. Les chênes pourvoient aux besoins en bois des ouvrages (portes d’écluses, …). Après 1775, quelques platanes font leur apparition.

Au XIXe siècle, la Compagnie du canal du Midi entend rentabiliser les abords du canal : elle réalise des campagnes de plantation massives. Elle mise sur trois essences principales : l’orme, le frêne et le platane.

Le platane : l’emblème du canal du Midi jusqu’à récemment

Mais les ormes tombent malades et sont peu à peu remplacés par des platanes. Ces arbres ne sont finalement pas exploités et prennent une place de plus en plus marquante dans le paysage. Majestueux, ils forment une voûte arborée le long des berges, indissociable de l'image du canal du Midi pendant plus d’un siècle. 

La restauration des berges du canal du Midi

Les platanes du canal du Midi décimés par le chancre coloré

Mais c’est au tour des platanes d’être malades. Depuis 2006, ces derniers sont victimes d’un champignon microscopique, Ceratocystis platani, qui provoque la maladie du chancre coloré du platane. Il pénètre au cœur de l’arbre sain suite à une blessure, bloque les canaux de sève et le tue en 2 à 5 ans seulement.

Le canal est un milieu particulièrement propice au développement du chancre coloré. En effet, l'eau permet de transporter facilement les spores du champignon. Les chocs des embarcations sur les racines des platanes qui baignent dans l'eau ainsi que les amarrages sur les troncs, malgré l'interdiction, peuvent constituer une source d'entrée de ce champignon. Les soudures racinaires entre platanes voisins ou les travaux réalisés à proximité, s'ils ne sont pas respectent pas les règles de désinfection, peuvent également propager la maladie. C'est pourquoi les alignements de platanes du canal sont si vulnérables.

Pour lutter contre l’épidémie, il est nécessaire, comme le prévoit la règlementation, d'abattre puis d’incinérer les arbres touchés. Sur les 45 000 arbres d’alignement du canal du Midi, 42 000 sont des platanes. En 2023, près de 75% des 42 000 platanes qui bordent le canal du Midi ont dû être coupés !

Le programme de replantation pour préserver les berges

Afin de restaurer la voûte arborée, VNF mène depuis 2011 un vaste programme de replantation, avec l’appui de la Région, des Départements et de mécènes publics et privés. L'heure est à la diversification avec sept essences retenues. Celle-ci favorise la biodiversité et prévient à l'avenir une autre épidémie de grande ampleur. Le chêne chevelu, arbre résistant et de hauteur comparable au platane, a été choisi comme nouvelle essence identitaire du canal. Les alignements de chênes alternent avec des sections plantées d'autres essences, sélectionnées elles aussi pour leur hauteur (20-30 m), leur longévité et leur adaptation aux milieux traversés.

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Les sept essences d'arbres replantées

Les sept essences d'arbres replantées

Le saviez-vous ?

Au cours de l’hiver 2022/2023, 1350 nouveaux arbres ont été plantés pour un total de 18 000 arbres replantés depuis l’hiver 2011-2012. En fonction des besoins, les programmes de replantation sont précédés de travaux de renforcement des berges mises à mal par la disparition des racines de platanes. De plus, des surveillances, arrosages et tailles d’entretien sont effectués sur les milliers de jeunes arbres afin de favoriser leur développement et leur intégration esthétique dans les paysages pour les années à venir. Ce sont ainsi 3000 arbres qui ont été taillés à l'hiver 2022-2023.