L’histoire du pavillon des archives est indissociable de celle du port Saint-Etienne. En 1708, l’implantation de ce port entre les ponts de Montaudran et de Guilheméry est stratégique : il facilite le transport et l’entreposage de marchandises.
Entre le début du 18e et la fin du 19e siècle, plusieurs bâtiments sont construits à Port Saint-Etienne pour les besoins des propriétaires du canal. Ils abritent des fonctions administratives et judiciaires en lien avec la gestion du canal. Ces bâtiments forment un ensemble historique important ; parmi eux, se trouve le château du canal, ancien siège de justice de la seigneurie du canal créée par Louis XIV pour Riquet et ses descendants.
L’installation du pavillon des archives à proximité du château ne relève pas du hasard ! En effet, cela permet aux juges qui officient au château de retrouver plus rapidement les documents nécessaires à leurs investigations.
Mais jusqu’en 1750, les papiers du canal sont largement dispersés sur l’ensemble des sites où exercent les cadres administratifs du canal du Midi : bureaux de Toulouse, Naurouze, Castelnaudary, Trèbes, Le Somail, Béziers et Agde. D’autres archives sont conservées au domicile du directeur général, du receveur général et du contrôleur général, tous logés à Toulouse. D’autres encore sont présentes aux domiciles des héritiers Riquet.
Conscients de la faiblesse de ce système qui ne peut conduire qu’à la perte de documents, les héritiers de Riquet commencent à structurer une mission dédiée à la préservation de la mémoire écrite du canal. En 1747, un archiviste est nommé et a pour mission de recenser et de classer les lots les plus importants.
Dans ce souci de préservation du patrimoine écrit lié à l’histoire du canal du Midi, décision est prise de construire un bâtiment dédié. Ce bâtiment est construit en 1750, à l’angle du port Saint-Etienne et de l’actuelle avenue Jean-Rieux.
Trop petit, le bâtiment est vite saturé ! En effet, les archives affluent de tous les points du canal, transportées par bateau. Le classement se révèle ardu ; le Comte de Caraman dépêche son secrétaire particulier auprès de l’archiviste afin de l’aider. Pour faciliter la consultation des archives, un cadre de classement est d’abord défini, avec de multiples entrées thématiques. Les documents classés dans des thématiques de rattachement sont ensuite classés par ordre chronologique.
Un nouveau lieu d’archivage est recherché… Mais après 1789, l’abolition des justices seigneuriales permet de reconvertir la chambre de justice du château du canal en salle d’archivage. Une solution qui permet de patienter quelques décennies avant qu’un projet d’un nouveau bâtiment soit mis à l’étude dans les années 1820 par Jean-Polycarpe Maguès, directeur adjoint du canal du Midi. Nommé directeur en 1828, il confie à son fils, Urbain Maguès, la surveillance de la construction. En 1830, un nouveau bâtiment dédié aux archives voit le jour ; tous les documents y sont transférés en 1832… Et s’y trouvent toujours, 190 ans plus tard.
Le saviez-vous ?
D’inspiration néo-classique, le bâtiment des archives a été conçu comme un lieu à la mémoire de Pierre-Paul Riquet et de son œuvre. Initialement, un buste de l’auteur du canal était installé au cœur de la salle principale tandis que son portrait était accroché dans le vestibule d’entrée, avec ceux de Louis XIV et de Colbert. Malgré la perte de cette composition, dispersée après 1898, le bâtiment a été préservé tant dans ses caractéristiques extérieures que dans ses aménagements intérieurs, mobilier et fonction compris. En 1991, il a été inscrit en totalité comme Monument Historique.
Les archives du canal du Midi permettent de rassembler et de conserver tous les papiers relatifs à la bonne administration du canal. Mais une telle collection demande beaucoup de place ! Avec 700 mètres linéaires de documents conservés, le bâtiment historique des archives est lui aussi saturé.
Depuis 2019, Voies navigables de France, en charge de la gestion du canal, bénéficie d’un second lieu d’archivage dans la métropole toulousaine. C’est dans ce lieu que l’on conserve, progressivement, toutes les archives du XXe siècle.
Les archives conservées par Voies navigables de France – Direction territoriale du Sud-Ouest concernant les canaux du Midi compte plus de 1,5 km de dossiers scindés en deux grands sous-ensembles :
- Les archives anciennes de 1598 à 1898. Celles-ci rassemblent les documents liés au canal du Midi et au canal latéral à la Garonne : cartes, plans, registres de navigation, documents comptables et thématiques, études de construction...
- Les archives contemporaines de 1898 à 2000. Elles concernent les documents issus de la gestion des canaux du Midi (fonds du Service des canaux du Midi, de l’Office nationale de la Navigation et du Consortium pour la modernisation des canaux du Midi, de VNF-Direction Territoriale Sud-Ouest).
Cet ensemble forme l’essentiel de la mémoire administrative du canal, de Castets-En-Castillon (à une cinquantaine de kilomètres de Bordeaux) jusqu’à l’étang de Thau à Marseillan. Il est également possible d’y retrouver quelques informations concernant les autres canaux et cours d’eau de la région et de la France.
Les archives du canal du Midi sont publiques et ouvertes à tous les chercheurs,
du lundi au vendredi, sur rendez-vous.
Pour prendre rendez-vous, vous pouvez contacter l’archiviste de VNF Sud-Ouest : Samuel VANNIER
samuel.vannier@vnf.fr
05 61 36 24 72
Voies navigables de France,
direction territoriale Sud-Ouest
Archives des canaux du Midi
2 port Saint-Etienne
BP7204
31073 Toulouse cedex 7
Un site géré par Voies navigables de France en lien avec les membres de l’Entente
pour le canal du Midi et leurs opérateurs touristiques
